Par son passé urbain et en référence aux circonstances historiques de son peuplement et son développement, la ville de Fès symbolise des expériences particulières de migrations nationales et internationales. Celles-ci s'inscrivent plus ou moins durablement dans l'espace et dans le temps. Depuis sa fondation en 808, cette Cité avait constitué l’un des principaux foyers d’attraction migratoires internes au Maroc. Elle a fonctionné également comme centre religieux et intellectuel et carrefour du commerce transsaharien articulant trois ensembles : l’Afrique subsaharienne, l’Orient arabe et musulman et le nord de la Méditerranée. Inscrite dans une logique d’échanges et d’ouverture, Fès avait attiré diverses populations. Elle a été toujours la source et l’aboutissement de nombreux flux migratoires nationaux et internationaux. Cité de « tradition urbaine », Fès est aussi une ville de migrants. L’appellation homogénéisante de « Ahl Fès » (les gens de Fès) renvoi à la diversité de provenances de la population de cette ville. Après des années de rempli, le champ migratoire de Fès a connu une mutation considérable. Il semble bien que Fès soit entrain de devenir de nouveau un territoire de convergence des flux de migrations internationales. La croissance et la reconfiguration de la « morphologie sociale » -au sens qu’il lui donne M. Roncayolo- de cette ville doit beaucoup de nouveau à la composante migratoire. Celle–ci est désormais ouverte sur deux catégories de populations immigrées venues du Sud et du Nord. Il s'agit en fait de migrations récentes qui concernent les subsahariens et les occidentaux. Il en découle un bouleversement du contenu social de la ville, ce qui donne à l’étude de ce phénomène migratoire et ses variations un intérêt particulier. En effet, parmi les villes marocaines, Fès se présente comme un véritable espace d’analyse des dynamiques des formes de migration et du changement qui affecte la nature du champ migratoire au Maroc d’aujourd’hui, non sans effets sur les structures socio-économiques et démographiques de celui-ci.
Conference paper
Moroccan migrations: Transformations, transitions and future prospects
05/2014
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