Circulation internationale et développement urbain à Dakar: Fondements méthodologiques et résultats attendus
Alioune Diagne, Cris Beauchemin, David Lessault
L’interaction entre migrations internationales et développement occupe depuis quelques temps une place de premier choix dans l’agenda des institutions internationales et des gouvernements nationaux, du Nord comme du Sud. Ce contexte politique a encouragé la communauté scientifique à produire divers états de la question sur les différents aspects des relations migrations-développement (fuite des cerveaux, transferts financiers, fonctionnement des réseaux transnationaux, etc.). Trois faits majeurs, imbriqués, ressortent de ces analyses : l’analyse des relations entre migrations internationales et développement est lourdement handicapée par le manque de données ; le bilan des coûts et bénéfices de la migration internationale, du point de vue des pays du Sud, demeure très controversé ; les migrations doivent, de plus en plus, être analysées en termes de circulation. Partant de ce triple constat, l’objectif de ce projet est de produire des données quantitatives permettant de saisir les pratiques circulatoires et transnationales des migrants africains pour, en définitive, tenter d’apporter un nouvel éclairage à l’étude des interactions entre migrations et développement. Le champs du projet est limité aux migrations des Sénégalais, pour lesquels nous collections des données quantitatives à la fois dans le pays de départ et dans plusieurs pays de destination (France, Espagne Italie). Le choix du Sénégal se justifie par le fait que ce pays est l’un de ceux où la prévalence de la migration internationale est la plus forte en Afrique sub-saharienne. Les pays européens entrant dans le projet constituent, de leur côté, les principales destinations des Sénégalais en dehors du continent africain. Ce projet est le produit de nombreuses collaborations. Il associe des chercheurs français et sénégalais. C’est un atout évident pour l’étude des migrations internationales (qui impliquent au moins un pays de départ et un pays de destination). Cette équipe est également pluridisciplinaire, composée de géographes, de démographes et de sociologues tous intéressés par les questions de population et, plus particulièrement, par l’étude des migrations internationales. Un trait original de l’équipe est d’associer recherche et action : la plupart des membres de l’équipe sont des chercheurs, mais plusieurs d’entre eux ont une expérience des projets de développement ou un rapport étroit avec les décideurs politiques et les organismes impliqués dans la gestion des migrations internationale. Cette caractéristique répond à nos objectifs ultérieurs de dissémination des résultats du projet auprès du grand public et des décideurs politiques. Cette communication vise à présenter les choix méthodologiques qui ont été opérés pour atteindre les objectifs scientifiques préalablement fixés dans le cadre de ce projet. En premier lieu, notre propos expose donc les objectifs du projet. Les parties suivantes montrent quelles solutions ont été adoptées pour répondre aux objectifs, d’abord du point de vue de l’échantillon (2ème partie), puis du point de vue du questionnaire (3ème partie). La conclusion présente les prolongements envisagés du projet (élargissement des terrains de recherche, construction d’un dialogue politique sur les migrations africaines).